Pauline SABIN TEYSSEDRE Championne du MONDE Master2
- Victor SANTOS
Excellent hommage de la Dépêche du Midi à notre Championne du Monde
Il y a quelques jours, en Belgique, la Ruthénoise Pauline Sabin-Teyssèdre est devenue championne du monde de cyclo-cross masters 2. Une performance venant succéder à son récent titre de championne de France. «Je souhaite à tout le monde de vivre ce moment-là», raconte la jeune femme. Sous le regard ému de Mathias, son mari, l'Aveyronnaise, revêtue du maillot de championne du monde, a entendu sa «Marseillaise» et gravé ce souvenir à jamais dans sa mémoire.
Elle a pu alors se rappeler que l'histoire a commencé de nombreuses années en arrière.
À cette époque, Pauline était une enfant qui, l'été, s'en allait avec Claire et Christian, ses parents, faire du vélo dans les Pyrénées. Tout le monde montait les cols et Pauline retenait les conseils techniques de son père pour mieux utiliser le vélo et s'économiser.
Encore aujourd'hui, il lui reste cet acquis si utile en compétition.
La championne le reconnaît d'ailleurs bien volontiers. À ces qualités techniques s'ajoutent un mental et un physique hors norme. Un proche témoigne.
«Quand Pauline était adolescente, elle partait avec des membres du club de cyclisme ruthénois monter les grands cols des Alpes. Elle ne mettait jamais le pied à terre. Au contraire, elle traçait son chemin avec cette détermination qui l'habite. Elle forçait le respect de tous.»
C'est là que s'est fabriqué ce caractère qui amène la Ruthénoise à reconnaître que «la compétition me motive bien plus que l'entraînement. J'aime gagner, je ne sais pas d'où cette volonté me vient. Elle est en moi quand je fais du sport. Je n'ai pas besoin de me motiver. Je pars et je fonce pour ne pas avoir de regrets».
Là où tout a débuté
Alors reviennent en souvenir ces premiers cols alpestres. «Oui, c'est là que beaucoup de choses ont débuté. J'aimais arriver en haut, savourer le plaisir de remporter une victoire personnelle sur la difficulté de l'ascension. J'adorais ça».
Mais avant de faire du cyclisme en compétition, Pauline est passée par la case détente, fêtes à gogo. «J'ai délaissé le sport pour les boîtes de nuit. J'en ai fait le tour pour finalement m'en lasser».
La jeune femme reconnaît avoir en elle cette nécessité de renouveler ses pôles d'intérêt.
C'est à la piscine de Rodez qu'on la retrouve un été, bronzant entre midi et deux. «Il y avait là des membres du club de triathlon qui régulièrement venaient me relancer pour signer une licence. Ils connaissaient mon passé de sportive».
Pauline craque, s'engage et ne fait pas les choses à moitié. Elle se prépare à fond, ses proches la voient se faire mal, peut-être trop, elle n'a qu'une chose en tête : courir et finir l'Ironman de Nice. «Cet extrême me tentait plus qu'une vague course. Il me fallait quelque chose de dur». Nice répond parfaitement au cahier des charges de Pauline avec ses 3,8 km de natation, ses 180 kilomètres à vélo et ses 42 kilomètres de course à pied.
La Ruthénoise se met dans le rouge, puise au plus profond d'elle-même pour finir. «À la fin du vélo, j'étais vraiment mal en point mais je ne pouvais pas arrêter».
Pauline franchit finalement la ligne d'arrivée mais autour d'elle on s'inquiète de cette quête de l'extrême. Est-elle allée trop loin dans l'effort ? C'est Cupidon qui se chargera de résoudre le problème. Mathias, le Normand, venu travailler en Aveyron, lui-même sportif accompli, tombe sous le charme de la Ruthénoise et de leur union naissent deux enfants. «Mon mari est à la base de mes succès sportifs d'aujourd'hui. Il a su me canaliser, me conseiller, me secouer quand, à l'entraînement, j'aurais tendance à me laisser aller». Mathias, qui a joué au football en CFA en Normandie, qui est un cycliste confirmé, a appris les détails qui font les performances.
«Il est appliqué, méthodique, me connaît parfaitement. Sa présence me place dans les meilleures conditions pour aborder la compétition».
Pauline, la touche à tout, se met alors à jongler avec bonheur entre vélo de route, VTT, cyclo-cross.
Elle est heureuse, épanouie.
«On l'a vue faire des performances de plus en plus importantes sans se faire mal comme avant», ajoute ce proche admiratif. Les entraînements se font le midi pendant que les enfants sont à la cantine.
«Je privilégie le qualitatif sur le quantitatif». La championne de France, Christel Ferrer-Bruneau, est son entraîneur.
«Elle me comprend, sait que je dois composer avec mon travail de commerçante et de mère de famille.»
Une double casquette que Pauline porte avec bonne humeur. Organisée, elle se donne à fond dans chacune de ses activités journalières. «Quand je suis au travail, je travaille. Lorsque, le soir, je retrouve les enfants, plus rien n'empiète sur notre relation, le sport y compris».
De cette façon, l'équilibre est tout trouvé. L'énergie reste intacte malgré cet emploi du temps des plus fournis. Seule entorse au programme, le week-end est jours de compétition avec des petits venus soutenir leur mère. Une mère qui vient de ramener un maillot de championne du monde à la maison…
Un titre au mental
«En fait, tout s'est joué au mental», explique une Pauline rayonnante de bonheur. «J'ai raté mon départ avec 30 secondes de retard sur les premières au premier obstacle. Je me suis dit que tout était fichu».
Mais, l'enfant qui montait les cols dans les Pyrénées avec ses parents, l'adolescente qui ne posait pas le pied à terre dans les pourcentages des Alpes, celle qui rêvait de faire briller les yeux de son mari, s'est relevée. «Je n'ai pas voulu céder à la faiblesse. C'était maintenant et pas plus tard. C'était l'heure de se battre car que sera demain ?» Pauline joue alors avec les éléments. «Il y avait beaucoup de portions de sable à franchir avec beaucoup de course à pied. J'ai joué là-dessus en faisant appel à mes qualités de coureur». L'Ironman de Nice aura finalement eu du bon. «C'est dans la partie de course à pied, en portant le vélo, que j'ai comblé mon handicap». Dans les zones de vélo, Pauline a fait valoir son sens de la course comme le lui avait appris son père. «Il ne fallait pas commettre de faute». Pauline s'applique, se montre tactique, n'en commet pas, s'impose, vit «un moment intense».
Aujourd'hui, elle conserve ce souvenir comme un bien précieux. Elle sait que son avenir de sportive va prochainement s'achever devant la priorité d'accompagner ses enfants.
«Je me donne encore l'année 2017 pour disputer les championnats de France et du monde sur route et en VTT, d'autant que cet été le titre mondial sur route se disputera à Albi».
Ensuite, un Ironman à Embrun pourrait venir boucler ce parcours de sportive de haut niveau. «Il faut aussi penser à protéger son corps, ne pas aller trop loin». Sans pour autant tout arrêter, «j'aime le golf, une activité que j'ai découverte en étant enceinte». Passer du vélo au golf, pourquoi pas ? «Les deux ont en commun d'être des sports où tout se joue au mental».
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